ECOLE et DEBATS

MATERNELLE: UNE ÉVALUATION PAS TRÈS CLASSE


Nous connaissions les évaluations nationales en CE1 et CM2.... Aujourd'hui, le ministère de l’Éducation nationale envisage d'évaluer les élèves dès 5 ans, c'est à dire en Grande section de maternelle, à la fois sur leurs connaissances et sur leur comportement. L'argument avancé par le ministère : pouvoir lutter le plus précocement possible contre l'échec scolaire. 

Suite à ces évaluations, les élèves seront classés en trois catégories : "rien à signaler", "risque" et "haut risque". 
Nous retrouvons dans cette classification la même logique déterministe et stigmatisante du rapport Bénesti (2004) sur la prévention de la délinquance dès 3 ans. 

LA FCPE s'alarme du projet national d'évaluation des élèves de Grande Section de maternelle. Elle refuse catégoriquement tout classement ou fichage des élèves, qui plus est d'enfants de 5 ans! 
 
Plutôt que de privilégier la pédagogie et des effectifs raisonnables en classe, on colle une étiquette extrêmement anxiogène sur des enfants qui peuvent, un jour donné, être fatigués ou malades, récalcitrants, impressionnés et ne pas réussir les « épreuves » imposées.

Les critères d'évaluation en maternelle retenus mêlent allégrement difficultés scolaires, comportement et relations sociales. Les deux derniers critères relèvent plutôt de la médecine scolaire et devraient permettre de diagnostiquer un éventuel handicap ou un trouble invalidant la scolarité de l'enfant tel que l'autisme, les troubles envahissants du développement, l'hyperactivité...

Or ces troubles ne pourront être révélés par une évaluation en Grande Section mais par l'observation au jour le jour, le signalement des enseignants aux parents, au Réseau d'aides spécialisées aux enfants en difficulté (RASED). 

Dans son dernier ouvrage Mourir de dire, Boris Cyrulnik évoque l'évaluation trop précoce comme un des facteurs fragilisants les élèves les plus sensibles.

Alors mettons plus des professionnels dans les écoles, Halte aux suréffectifs, arrêtons le démantèlement des Réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté (RASED) et laissons-les grandir à leur rythme tout en étant vigilants tous ensemble à leur bien-être et à leurs progrès. 


------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 
  

EVALUER, C'EST QUOI ? 

  
Evaluer, c'est mesurer les connaissances de quelqu'un à un moment t et mettre ensuite en place la remédiation ad hoc pour qu'il puisse les maîtriser.
Plutôt intéressant, si l'objectif final n'est pas de classer les enfants en fonction de leurs résultats aux évaluations ; dans ce cas, le volet remédiation n'aurait alors plus d'intérêt. 

A l'école, c'est très à la mode en ce moment, le ministère de l'Education nationale étant  pris, depuis quelques années, d'une frénésie de l'évaluation...
Nos enfants sont en effet évalués à plusieurs moments de leur scolarité. Et, si certains parents n'en voient pas toujours l'enjeu, la polémique est là et des enseignants, des parents sont très critiques.

A quoi servent ces évaluations ?
Les enseignants n'évaluent-ils pas constamment, au quotidien, à chaque  heure, les aptitudes, la compréhension de leurs élèves ? Et ne mettent-ils pas en place des batteries de trucs et d'exercices pour remédier ? N'est-ce pas là tout l'art de leur métier ?
S'il faut se donner une idée générale, ne peut-on évaluer sur des "échantillons", des classes, des établissements témoin ?
"Nous avons besoin de disposer d'outils de repères incontestables à des moments clés de la scolarité obligatoire", dit Luc Chatel.

Soit.Tout dépend de ce qu'on fait de ces outils. 
Cela dépend aussi du coût de ces évaluations nationales et du budget consacré à la remédiation.Tiens d'ailleurs, où sont passés les rased ? Et les heures d'accompagnement individualisé au collège et au lycée, comment sont-elles utilisées ?

De plus, en écho au point de vue de la fcpe, pourquoi des évaluations en juin en CE, CM2 et 5e. N'y a-t-il pas dans ce procédé l'idée d'orientation précoce qui revient au galop ?  Alors que les mêmes évaluations en début d'année permettraient aux enseignants de mettre en place une pédagogie adaptée à la réussite du plus grand nombre


Enfin, l'évaluation ne doit pas sanctionner un élève qui ne maîtriserait pas une connaissance. Si on faisait ça, on ferait fausse route totalement, n'est-ce pas ?
L'objectif de l'école est bien de faire apprendre, acquérir des connaissances, développer les esprits divers, bien faits  et non formatés, qui feront la France de demain ?
Des élèves, futurs citoyens à l'esprit libre, est-ce vraiment le but recherché ?